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lieux multi-concepts

L’émergence des lieux multi-concepts

Depuis quelques années, des lieux multi-concepts apparaissent et créent l’événement à chaque nouvelle ouverture. Mêlant restauration, culture, artisanat et événements dans un même espace, ils cherchent à créer des destinations de vie plutôt que de simples lieux de consommation. Mais au-delà de l’effet de nouveauté, leur viabilité économique reste une question centrale.

Trois exemples emblématiques

Biltoki

Biltoki : opérateur de halles gourmandes (Bayonne, Saint-Étienne, Béziers…) misant sur l’ancrage local, les produits frais et une ambiance de marché revisitée. Le modèle, bien que séduisant sur le papier, montre des limites économiques : fréquentation insuffisante dans plusieurs villes, tensions avec les commerçants, et retrait anticipé dans certains cas comme à Saint-Étienne ou Béziers.

Melting Pot (Bagnolet)

Melting Pot (Bagnolet) : plus modeste, ce food court récent installé à Bagnolet valorise des cuisines du monde et des animations culturelles. Le projet est encore trop jeune pour tirer des conclusions sur sa rentabilité, mais sa taille réduite et son ancrage urbain dense limitent les risques.

Boum Boum Villette

Boum Boum Villette : installé dans les anciens locaux de Vill’Up à Paris, ce vaste complexe de 15 000 m² combine restaurants thématiques, loisirs immersifs et événements culturels. Lancement très médiatisé, fréquentation soutenue (2,5 millions de visiteurs en un an), et un chiffre d’affaires impressionnant de 12 millions d’euros annoncé. Cela équivaut à environ 4,80 €/visiteur et 800 € de CA/m²/an, ce qui en fait un cas de référence en matière de performance économique pour ce type de lieux.

Un modèle économiquement viable ?

Le principal défi de ces lieux réside dans leur modèle économique, qui dépend largement de la fréquentation et d’une programmation soutenue. Contrairement à des retail parks à l’équation financière stable (faibles loyers, enseignes standardisées), les lieux multi-concepts demandent une animation constante, une gestion fine de la mixité commerciale, et un équilibre délicat entre attractivité et rentabilité.

Boum Boum Villette montre qu’un modèle basé sur le loisir et la restauration peut atteindre des niveaux de performance élevés en zone dense. Mais ce succès suppose des investissements initiaux conséquents, une gouvernance agile, et une forte capacité de renouvellement de l’offre. À l’inverse, des projets comme Biltoki révèlent les limites d’un modèle trop dépendant de la fréquentation locale ou du soutien des collectivités.

Conclusion : une stratégie à géométrie variable

En résumé, le modèle multi-concept n’est pas une recette universelle, mais une stratégie à géométrie variable qui nécessite un pilotage sur-mesure. Là où les conditions sont réunies (zone urbaine dynamique, programmation forte, identité claire), il peut devenir un levier puissant de régénération commerciale. Ailleurs, il peut rapidement devenir un pari risqué.